La posture du héros

Une posture courante est à l’honneur ce mois-ci: la posture du héros. L’occasion de détailler la prise de posture et ses effets.

Prise de posture du héros

La posture du héros ou vīrabhadrāsana en sanskrit. Cette posture bien connue, est une posture d’ouverture de la zone de prāņā soit la face avant du corps avec l’extension d’une jambe, en appui sur les deux pieds.

Cette posture debout, se prend un grand pas en avant, le pied arrière ouvert vers l’extérieur et le bord externe pressé sur le sol. Le genou arrière tendu, genou avant partiellement fléchi. Le bassin tendant à rester de face, le tronc redressé, les bras levés, doigts entrelacés, paumes vers le haut, tête redressée, yeux ouverts, regard vers le haut.

la posture du héros

Cette posture demande à ce que la face des deux pieds repose au sol. Pour une prise de conscience de toute la plante des pieds, du bord externe au bord interne. Le genou avant plié ne doit pas dépasser l’angle droit, pour cela il est nécessaire de bien s’appuyer sur les deux pieds. Et ainsi répartir l’appui sans pour autant augmenter la flexion du genou au delà de l’angle droit. Cela viendrait créer une tension supplémentaire, car le poids ne serait alors pas suffisamment amené sur la jambe arrière.

Les effets de la posture du héros

Dans cette posture asymétrique le socle que les deux pieds forment est important, représentant un ancrage confiant. Sans ce socle la posture sera mouvante, instable.  Les appuis des deux pieds ancrés dans le sol permettent une sensation de solidité, de stabilité. Ainsi donc, avant le fléchissement, il est important de repérer l’écartement des jambes permettant une répartition du poids sur les deux pieds.

Ainsi centré sur les appuis, la posture du héros permet de se concentrer sur un seul point, ekāgratā. De même que l’ekāgratā met fin aux fluctuations et à la dispersion du mental, l’asana réduit la mobilité du corps.

Et c’est bien là le but du yoga, comme nous l’enseigne le YS 1.2« yogaḥ citta vṛtti nirodhaḥ ». L’harmonie et l’apaisement, la concentration et la canalisation complète des activités fluctuantes du mental.

Cette posture permet également l’extension du psoas qui est un des muscles fléchisseurs de la hanche. C’est une zone peu accessible et où des tensions peuvent se déposer. L’ouverture de cette zone dans cette posture peut procurer une sensation de libération rarement éprouvée par ailleurs.

Dans cette posture, en statique, il peut-être intéressant d’amener un temps de suspension poumon plein. Ainsi, une fois l’inspire finie toute la cage thoracique depuis la poitrine au bas du ventre est gonflée. La suspension à plein permet une attention à toute la face avant du corps, la zone de prana.

TKV Desikachar dit qu’un moment de rétention est un moment de dhyâna l’esprit est prêt à aller dans une seule direction.

Au delà du corps

Cette rétention à plein peut permettre d’accéder à une zone plus précise située en haut des côtes en dessous de la poitrine. Cette zone est nommée : hṛdaye. « Nous avons un espace au centre de la poitrine. Au-dedans il y a une clarté, pas comme une bougie mais comme une étoile. Si on approche de cela, on est au-delà de la souffrance » Desikachar page 84 dans le livre Au-delà du corps.

Ainsi donc à partir de cette pratique par le biais de la matière que sont le corps avec la posture (asana) et le souffle avec les techniques respiratoires (pranayama), il y a moyen d’accéder à un autre état, vers notre être lumineux, au delà du corps.